samedi 1 octobre 2011

L'invention de l'écriture, Philippe Bordas (Fayard, 2010)


Nous avions laissé Philippe Bordas au moment de son formidable Forcenés et le retrouvons ici avec un nouveau livre tout aussi original portant sur un génial inconnu, Frédéric Bruly Bouabré, inventeur d'une langue et d'une écriture. Rien de moins...
 
Philippe Bordas poursuit avec cet essai sa quête d'une langue réellement vivante, essayant de trouver une autre manière d'écrire la langue française, de la faire parler, de la faire sienne, confirmant ainsi ce que Proust avançait dans son Contre Sainte-Beuve : « Les beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère ».

Pour cela, il s'attaque à plus intrépide encore que lui, à un écrivain qui - au sens littéral du terme - a inventé une langue et son écriture. L'ivoirien Frédéric Bruly Bouabré, est ainsi l'incarnation même de ce que la machine à broyer de l'humain que fut la colonisation n'a pas tout à fait réussi son projet/ La preuve aussi qu'il existe une autre voix/voie pour les écrivains/Africains que celle du "bon nègre" ou du "normalien normalisé" façon Léopold Sédar Senghor.


Cette fois encore, le long poème en prose de Philippe Bordas est un immense chant pour que l'oeuvre de cet homme ne reste pas lettre morte, près de 50 ans après sa première "divulgation" auprès du public français par Théodore Monod. Mieux qu'un exercice d'admiration, une véritable déclaration accompagnée de quelques splendides photos (voir ci-dessus) dont Philippe Bordas a également le secret puisqu'il est aussi - et non par ailleurs... - un photographe reconnu, auteur d'un magnifique recueil d'images, L'Afrique à poings nus (Seuil, 2004).

Frédéric Bruly Bouabré, tel un Dieu, a inventé une langue et Philippe Bordas est son prophète.

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