J'ai connu ce livre grâce au formidable blog d'Eric Dussert. Je l'en remercie très très vivement car j'étais complètement passé à côté alors qu'il s'agit d'un de ses ouvrages comme je les aime tant : aussi indéniablement sublimes qu'incompréhensiblement oubliés. Publié en 1900, il ne sera en effet sorti du placard - par Eric Dussert justement qui en rédige la préface - qu'en 2005. Incroyable mais tristement vrai...
Pourtant, pas une seconde, ce texte ne déçoit (pas plus qu'il n'a vieilli) : du début à la fin, son style est sublime, son histoire prenante, ses personnages convaincants alors qu'il s'agit d'un roman à clés comme nous l'apprend la préface.
Avec le feu enterre le 19e siècle en même temps qu'il ouvre le 20e quand rares sont les textes capables d'enjamber ainsi deux époques. Dans le récit, ce basculement se traduit par le départ du héros, Robert, quittant Paris pour la Côte d'Azur, changement absolu auquel il ne résistera pas quand Barrucand lui-même y tira l'énergie nouvelle lui permettant de continuer à aller encore plus avant (Algérie) malgré les forces qui le tirent en arrière à la capitale (Des Esseintes, lui, n'avait pas réussi à quitter Paris pour Londres et depuis, l'air vicié de son intérieur contaminait la littérature française fin-de-siècle...). Révolution intérieure qui intervient sur les cendres encore chaudes d'une révolution politique impossible et peut-être même peu souhaitable tant elle semble immanquablement lier - comme le montre parfaitement la majeure partie du roman - à une surenchère de la violence entre idéalistes assoiffés de vengeance et gouvernants abusant de leurs pouvoirs.
Avec le feu enterre le 19e siècle en même temps qu'il ouvre le 20e quand rares sont les textes capables d'enjamber ainsi deux époques. Dans le récit, ce basculement se traduit par le départ du héros, Robert, quittant Paris pour la Côte d'Azur, changement absolu auquel il ne résistera pas quand Barrucand lui-même y tira l'énergie nouvelle lui permettant de continuer à aller encore plus avant (Algérie) malgré les forces qui le tirent en arrière à la capitale (Des Esseintes, lui, n'avait pas réussi à quitter Paris pour Londres et depuis, l'air vicié de son intérieur contaminait la littérature française fin-de-siècle...). Révolution intérieure qui intervient sur les cendres encore chaudes d'une révolution politique impossible et peut-être même peu souhaitable tant elle semble immanquablement lier - comme le montre parfaitement la majeure partie du roman - à une surenchère de la violence entre idéalistes assoiffés de vengeance et gouvernants abusant de leurs pouvoirs.
Quoiqu'il en soit, si le personnage principal ne va pas au bout de son idée initiale, l'important est que le texte lui-même ne recule devant rien et, surtout, que son auteur a fait lui le bon choix quand tant d'autres à la même époque (on pense notamment à Georges Darien, auteur du fabuleux Le Voleur) se sont trompés de chemin pour sombrer au choix - l'un n'excluant pas l'autre - dans l'antisémitisme ou le patriotisme belliqueux. Barrucand, lui, ira défendre les droits des Algériens sur place, bien avant que l'on ne commence à parler d'indépendance.
PS :
Pour l’anecdote : « J.K. Huysmans, sous-chef de bureau au Ministère de l’Intérieur, avait alors dans ses attributions la surveillance des anarchistes, et Villiers [de l’Isle-Adam] l’a mis à contribution pour des renseignements sur les explosifs », notamment pour la rédaction de sa nouvelle L’Etna chez soi (1887) comme nous l’apprennent Alan Raitt et Pierre-Georges Castex.
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