Ce livre touche un point précis
de juillet 1984 où, sous le soleil exactement et du haut de mon enfance, je vis
en chair et en os - plutôt qu’en vrai car comment y croire - ma première idole.
Le cycliste était grand, l’homme aussi nous apprend ce livre. Et franc, entier,
quitte à déplaire.
Il se trouve que les livres
furent sa seule passion en dehors du vélo et que pour moi, ce sont justement
les deux faces d’une même pièce. Son approche du second correspond d’ailleurs à
mon rapport aux premiers : « J’ai toujours été rétif aux mouvements
de foules. Mais j’ai toujours trouvé étrange qu’il existe des hommes rétifs au
charme des ferveurs populaires. » Il en va en effet ainsi de mes
goûts littéraires et donc de ce qui fait qu’un ouvrage figure ou non dans ce
blog.
Je n’ai jamais cru à la
« grande littérature » (pas plus qu’à la « grande musique »
ou au grand Art…) et n’ai jamais souscrit à la figure du « grantécrivain » : j’aime les
livres qu’on ne voit pas venir et qui font mal mais permettent d’accéder enfin
à soi, définition même du cyclisme selon Laurent Fignon : « Les
hommes, à vélo, ressemblent toujours à ce qu’ils sont : on ne triche
jamais bien longtemps. Le vélo est ce par quoi l’homme se trouve et se prouve.
Il dévoile des travers, des richesses, divulgue des appétits immenses. Rien à
voir avec la gloire : parlons plutôt de plénitude. Le vélo donne à toucher
le fond de nos âmes. »
Un homme qui a vécu – et arrêté –
le cyclisme en poète : à la fois jeune et épuisé. Comprenne qui lira.
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