jeudi 25 août 2011

Les Tournesols aveugles, Alberto Mendez (Christian Bourgois, 2007)



Il s’agit de quatre contes de 30 à 40 pages chacun, se faisant écho à la façon de rimes alternées et construisant au final une longue nouvelle aux allures de fresque impitoyable sur l’après-guerre civile espagnole.

Les combats viennent en effet de cesser puisque le premier, intitulé « Si le cœur pensait, il cesserait de battre », commence le jour même de la victoire des troupes de Franco avec pour personnage principal l’un de ses combattants, qui se refuse justement à gagner un combat qui n’est pas le sien à la manière d’un Bartleby perdu au milieu de ses congénères, en uniforme cette fois militaire.
Le second conte, « Manuscrit trouvé dans l’oubli », traite d’un jeune poète fuyant de peur vers la France avec sa jeune compagne enceinte, assistant à sa mort puis à celle du nouveau né et à la sienne.
Le troisième, « La langue des morts », parle d’un prisonnier qui refuse la grâce qui lui est offerte de façon inattendue, préférant la mort à un mensonge qui ne serait que reniement de soi.
Enfin, le dernier qui donne son nom à l’ouvrage - « Les tournesols aveugles » - conte l’histoire d’un prêtre à qui l’amour secret pour une femme de vaincu ne suffit pas : il réclame encore que du sang coule pour que lui soit pardonné son égarement.

Chaque conte porte en sur-titre « La défaite », précédé de son numéro ordinal et suivi de l’année où l’action se passe : 1939, 1940, 1941 et 1942. La défaite est en effet le véritable protagoniste de ce récit, omniprésente car c’est la vie humaine tout entière qui échoue, une fois la guerre perdue par les deux camps, le pays étant réduit à néant et au silence le plus atroce.


Son auteur, Alberto Mendez (1941-2004), est né à Madrid où il a suivi des études de Lettres avant de devenir éditeur. Il s’agit de son seul livre publié à ce jour, juste avant sa mort, et probablement du seul qu’il ait écrit.

En Espagne, le livre s’est converti dès sa sortie en un classique indispensable, tant sa description de la noirceur de l’époque frappe par la sobriété et la force de son style. Il a obtenu le Prix de la Critique et le Prix National du récit ainsi que les faveurs inconditionnelles des grands quotidiens (El Pais, El Mundo, La Vanguardia). Enfin, il a été adapté au cinéma en 2008 par José Luis Cuerda.


Edition originale : Los girasoles ciegos, Anagrama, 2004.

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N.B. : Un inédit de l'auteur est disponible à l'adresse suivante : http://portal.molinadesegura.es/images/literario/setenil/Setenil2004-01.pdf

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